Marie, pourquoi avez-vous rejoint l’entreprise Canevet ?
Marie : Canevet est une entreprise que je connais depuis toujours. Enfant, je mangeais déjà ses pains, achetés à Biogastel (Biocoop de Plougastel-daoulas). Et puis au fil des années, en suivant de près l’évolution de l’entreprise avec Yves, j’ai eu envie de rejoindre l’aventure.
Quelles fonctions avez-vous occupées en premier ?
Marie : Au départ je n’envisageais pas du tout la cogérance ! J’ai commencé par travailler sur un sujet qui faisait écho à mon premier métier, infirmière, et à ma sensibilité aux questions sanitaires et d’hygiène. Pendant deux ans, mon rôle portait sur la qualité, le plan de maîtrise sanitaire et l’HACCP (NDLR - acronyme anglo-saxon signifiant « Hazard Analysis Critical Control Point » ; en français « Analyse des dangers et maîtrise des points critiques »). Il s’agit de rechercher les dangers physiques, chimiques et microbiologiques, de vérifier tous les process de fabrication, d’identifier les points sensibles et, d’apporter la preuve qu’on les surveille. En septembre dernier, nous avons embauché une responsable qualité, Estelle Pannier, pour gérer tous ces aspects. Et j’ai aussi voulu travailler sur les sujets liés à la RSE, la responsabilité sociétale des entreprises. Nous sommes adhérents au Synabio, le syndicat des entreprises du secteur bio. Dans ce cadre, j’ai pu être accompagnée par une chargée de mission RSE et suis devenue la « pilote RSE » au sein de l’entreprise.
Quel est selon vous l’intérêt d’avoir une « pilote RSE » au sein même de l’entreprise ?
Yves : J’avais besoin d’avoir quelqu’un de confiance à mes côtés. Il y a de plus en plus de sujets qui s’ouvrent dans l’entreprise, au fur et à mesure de sa croissance. La RSE nous permet de structurer, de donner la direction. Elle nous amène à penser une stratégie. Marie s’est tournée vers ces sujets et a commencé à mettre des choses en mouvement, avec une vision sur le long terme.
Quand et comment avez-vous choisi la codirection ?
Yves : Les compétences de Marie, sa capacité à se projeter, ont induit son passage au poste de codirectrice. Ça semblait naturel. La répartition des sujets s’est faite en fonction des compétences et appétences de chacun. On travaille ensemble sur les sujets produits et qualité. J’ai un profil plutôt « technique ». Je gère les sujets liés à la logistique, les finances, l’organisation de la production avec les responsables, ou encore la maintenance. Marie a un profil plus orienté sur l’humain et la stratégie. Elle prend en charge les sujets RH et RSE de manière plus poussée (QVT, conditions de travail, planning…). Elle peut y consacrer plus de temps que je ne pouvais le faire seul. On peut aller plus loin, approfondir chaque domaine. C’est bénéfique pour les salariés et l’entreprise en général.
Il est difficile de codiriger une entreprise sans partager la même vision. Quelle est la vôtre ?
Yves : Notre vision est liée à ce qui fait sens pour nous. Nous voulons développer l’entreprise, la structurer, avec éthique et exemplarité. Nous sommes responsables socialement et écologiquement. Notre stratégie RSE structure cette démarche.
Nos valeurs sont inscrites dans l’ADN de l’entreprise, depuis sa création par mon père : des produits 100 % bio, une implantation en milieu rural, le respect de l’environnement…
Nous voulons continuer à grandir en structurant, en équilibrant, en transmettant ces valeurs aux salariés. Nous souhaitons continuer nos efforts là où nous sommes efficaces et nous améliorer là où nous le pouvons.
Comment l’annonce de cette nouvelle codirection a-t-elle été reçue par vos salarié.e.s ?
Marie : J’ai ressenti beaucoup de bienveillance de la part des salariés qui étaient là depuis de nombreuses années. Ils ont évolué dans une entreprise familiale, ça paraissait leur sembler presque logique.
Yves : Les salariés ont exprimé rapidement qu’il y avait une paire d’oreilles en plus pour écouter les équipes. Ils avaient le sentiment que l’entreprise allait pouvoir continuer à progresser, aller plus loin. Je ne pouvais pas accompagner aussi bien tous les besoins et tous les projets seul.
Et côté famille, que pensent vos enfants de cette nouvelle situation ?
Marie : Ils entendent plus parler du travail à la maison. Les réunions de direction se poursuivent parfois à table. Mais ils ont une certaine fierté de l’entreprise familiale et des produits. Ils ont compris que j’avais envie de rejoindre cette aventure. Les enfants ont vu que j’avais trouvé du sens dans le travail, plus que j’en avais avant.
Quels sont vos projets pour la boulangerie Canevet ?
Marie : Il y en a toujours beaucoup en réflexion. Mais pour 2025, nous pouvons déjà annoncer la concrétisation d’un projet d’agrandissement de nos locaux, qui permettra d’améliorer les conditions de travail de nos salariés, avec plus d’espace de production et de bureaux.
Yves : Nous avons aussi des projets de transition énergétique. Nous allons passer à des véhicules électriques pour toutes les livraisons de pain. Pour assurer les besoins de ces véhicules, nous allons augmenter notre production d’énergie photovoltaïque. Nous avons la volonté de multiplier par cinq notre production solaire actuelle. Et puis, comme l’a dit Marie, il y a de nombreux autres sujets en réflexion, notamment un qui porte sur notre moulin et sur le stockage de céréales. Mais nous en parlerons plus tard.